Elle doit figurer parmi les plus grands marchés aux puces. Pour ne pas dire le plus vieux grenier au monde… Les puces de Saint-Ouen ! Aujourd'hui 4e site touristique le plus visité de France, qui aurait pu deviner, si ce ne sont les propriétaires de l'époque, que les ramasseurs parisiens formeraient cet important site d'antiquité et de décoration ? Aujourd'hui prisé par les plus grands chineurs et passionné d'art, comment s'est développé et organisé cette zone de non-droit depuis l'arrivée des biffins ?
Un lieu d'exil des chiffonniers de Paris
Autrefois appelés les chiffonniers, les marchands de linges miteux et autres vieilleries ramassées dans les rues de Paris sont chassés pour revendre leurs trouvailles dans des villages fortifiés en périphérie de la capitale. Le nom "puces"s'officialise en 1885 et se cache sur des terrains vagues place Clignancourt. Il faut attendre la fin de la guerre et la mise en place d'un marché hebdomadaire pour sédentariser les puces chaque week-end.
La ville de Saint-Ouen accueille ses "pêcheurs de lunes". Elle aménage et embellit ses quartiers, jusqu'à imposer un droit de stationnement aux puciers. Les premiers Parisiens curieux viennent faire la réputation du quartier insolite et exempté de taxe.
Après la première guerre, les investisseurs flairent le concept et y achètent plusieurs terrains. Les villages de Venaison, Malik, Biron et Jules Vallès voient le jour aux prix excessifs de petites baraques en préfabriqués.
On distingue alors les meubles d'antiquaire en bois doré et les belles verreries sur le marché Biron. Quant au Marché Jules Vallès, il propose les bonnes affaires et les objets insolites. Enfin, la friperie se concentre au marché Malik.
Rendu tendance, avec l'installation des guinguettes, brocanteurs et antiquaires professionnels, le marché de Saint-Ouen offre une ambiance jazz manouche sympathique. Avec les bars bondés d'ouvriers, les puces de Saint-Ouen partagent leurs villages avec les roulottes des gitans.
Souvenir des premières installation des puces à Saint Ouen
Les puces de Saint-Ouen comme activité touristique
Classé en 2001 Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysage pour son atmosphère singulier, le marché de Saint-Ouen et porte de Clignancourt jouit d'un pôle touristique fort dans l'Ile De France . Des millions de visiteurs chaque année viennent flâner dans ses rues pittoresques et venger l'image de pestiférés donnés aux crocheteurs originels. Les puces comptent 2000 marchands installés sur 7 hectares comme suit :
Les antiquaires rue des Rosiers, les fripes sur l'avenue Michelet et la rue Jean-Henri-Fabre , les objets d'occasion et de récupération sur l'avenue de la Porte-de-Montmartre.
Plus d'une douzaine de marchés sont aujourd'hui référencés avec des boutiques où les objets sont mis en situations pour aider la nouvelle clientèle de non-connaisseurs à se projeter dans le charme de l'ancien.
Il aura fallu 150 ans pour transformer la ville de Saint-Ouen en un véritable musée. Une caverne d'Ali Baba pour les passionnés de brocantes et de vieux objets. Riche d'histoires comme de vieilleries, cette plateforme incontournable des chineurs compte des lieux atypiques qui ont découvert, entre autres, Django Reinhardt et Edith Piaf...